• avertissement : Cet article ne retranscrit que mes opinions personnelles, et ne prétend pas représenter l'opinion de tous-toutes les adhérent-e-s d'Ensemble !

    Depuis la victoire de Benoit Hamon au primaires de "la belle alliance populaire", c'est l'imbroglio le plus total dans la vraie gauche. Certains voient dans cette victoire l'occasion de faire revenir le PCF sur son vote en faveur de Mélenchon : c'est le cas des signataires de l'appel "PCF : sortons de l'immobilisme". Sans surprise, on y retrouve André Chassaigne.

    Pour une immense majorité d'autres, dont le raisonnement est dénué de toute arrière-pensée tactique, c'est une porte ouverte vers une présence au second tour des présidentielles de la vraie gauche, que personne n'aurait osé espérer. Mais pour cela, il faudrait une candidature unique. Et c'est là que le bât blesse.

    Certes je partage l'analyse de la plupart d'entre nous : la victoire de Hamon est l'expression du rejet par le peuple de gauche de la politique sociéto-libérale de Hollande (j'emploie à dessein l'expression "sociéto-libérale" au lieu de "socio-libérale" car le mot "social" ne reflète en rien la politique du quinquennat, dont les seules avancées marquantes ont été sociétales). Cela est indéniable. De même, le programme de Benoit Hamon est bien plus à gauche que le programme officiel du PS, et comporte de très nombreux points de convergences avec "l'avenir en commun". En tous cas, ce pourrait être un programme socle sur lequel construire une candidature unitaire.

    Il y a néanmoins deux problèmes :

    • Benoit Hamon n'est pas exempt de "casseroles programmatiques" : lors de son passage au gouvernement, sous Jean-Marc Ayrault, et alors qu'il était ministre de l'économie sociale et solidaire, ont été voté l'ANI et le CICE - ce qui n'est quand même pas rien - sans qu'il ne bouge un cil. De même, après avoir annoncé à la rentrée 2014 qu'il généraliserait l'expérimentation de "l'ABCD de l'égalité" - outil de lutte contre les stéréotypes garçon-fille à l'école - il les supprime ensuite en reculant en rase campagne devant les manifestations des réactionnaires. Certain-e-s me diront : "oui mais ça, c'était avant ! " . Soit, accordons à tout le monde le droit de faire des erreurs. Remarquons tout de même que cela augure mal de la volonté d'aller jusqu'au bout d'un programme.
    • Le deuxième problème, plus grave, est que Benoit Hamon n'est pas prophète en son pays. Il n'a échappé à personne qu'en France, les élections législatives sont tout aussi importantes, voire plus, que les présidentielles. Or Hamon, en refusant de rompre avec le Parti Socialiste, devient son prisonnier : ce n'est pas lui qui investit les candidats aux législatives, c'est le parti. Or que voyons nous ? Que tous et toutes les caciques de la droite du PS seront à nouveau investi-e-s, y compris Myriam El Khomri, Manuel Valls, Marisol Touraine, ou Stéphane Le Foll qui en bonne girouette, trouve le moyen de "soutenir" Hamon tout en étant encore porte-parole du gouvernement ! D'ailleurs, en parlant de girouettes, il en est d'autres que je ne nommerai pas ici, mais que tout le monde au Havre connait, qui ont toujours tout voté au parlement, même les lois les plus anti-sociales, et qui, trois jours avant le second tour des primaires, ont décidé de tourner leur veste et de soutenir Hamon,  multipliant les serments la main sur le cœur. Ce sont ces gens-là qui constitueraient la future majorité à l'assemblée ? Nul doute alors que nous aurions droit à une cohabitation entre un président (Hamon) et un premier ministre (Valls ?) qui ne tournerait pas à l'avantage du premier et surtout du peuple français. Ce sont ces gens-là que nous allons retrouver en face de Jean-Paul Lecoq dans la 8ème circonscription ? Il y a là comme un hoquet de l'Histoire !

     

    Alors que faire ?

    Ce n'est pas simple : nous ne pouvons pas nous satisfaire d'un éclatement des candidatures de la gauche (la vraie gauche bien sûr). Et il faut tout faire, jusqu'au bout, pour tenter de parvenir à un accord Mélenchon-Jadot-Hamon. Mais il doit y avoir un préalable à cet accord : la rupture avec le PS. Les expressions de Mélenchon sont souvent mal choisies, outrancièrement provocatrices, mais lorsqu'il dit "je ne m'accrocherai pas à un corbillard", le fond de sa pensée est tout à fait correct. L'heure est venue d'une recomposition, et cette recomposition passe par l'éclatement et la disparition d'un parti qui depuis 1981 a fait beaucoup plus de mal à la population travailleuse qu'il ne lui a fait de bien(1). Passer un accord avec un candidat se revendiquant encore du PS, c'est remettre cent balles dans la machine et remettre aux calendes grecques la nécessaire recomposition.

    Obtenir un bon accord passe également par continuer à apporter notre soutien, même critique, à Jean-Luc Mélenchon, qui lui, pourra espérer, s'il est élu, bénéficier d'une majorité à l'assemblée lui permettant de mettre en œuvre le programme et surtout la mise en œuvre d'une nouvelle constitution, d'une nouvelle république. Car cette majorité ne sera pas composée d'hommes et de femmes investi-e-s par le PS.

    Tout n'est pas rose (si j'ose m'exprimer ainsi) : il y a de nombreux points d'achoppement, y compris entre nous - Ensemble ! - , France Insoumise et le PCF, en particulier sur ces investitures aux législatives. Nous nous prononçons toujours et encore pour que dans chaque circonscription, il n'y ait qu'un seul ou une seule candidature, représentant tous ceux et toutes celles qui soutiennent le même candidat aux présidentielles, mais représentative également de nos diversités. Nous ne désespérons pas d'y arriver. Mais quoi qu'il arrive, soutenir Mélenchon aujourd'hui, garder le cap sans tirer des bords, c'est se donner les moyens de peser le plus possible à gauche pour qu'en cas d'accord éventuel, celui-ci se fasse sur de bonnes bases et que ce ne soit pas un accord destiné à donner des gages à la droite du PS. Qui est encore majoritaire, ne l'oublions pas.

    dernière minute : manifestement, ça discute aussi à l'intérieur de EELV. Et cet article qui vient d'être publié semble confirmer l'inacceptable : les accords éventuels ne se discutent pas avec le candidat Hamon, mais avec le parti PS. Sans commentaires.

    (1) si l'on excepte l'abolition de la peine de mort, les 35h et la retraite à 60 ans, ces deux dernières mesures ayant été détricotées ensuite sans que Hollande ne se donne la peine de les re-tricoter, bien au contraire.

     

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  • Une police sans limites ? L’affaire « Théo » est révélatrice d’un grave problème : la police française est gangrénée par une idéologie que tout le monde connaît : une idéologie raciste, qui prône la violence, la supériorité d’une « race » sur les autres, la supériorité de l’autorité sur le citoyen ; une idéologie enfin qui prône l’impunité « à priori » pour la police. Il suffit d’écouter les récentes déclarations de Marine Le Pen pour s’en convaincre.

    Même si la police n’a jamais recruté des enfants de chœur[1], un pas semble avoir été franchi  depuis le quinquennat Sarkosy. La création des Brigades Spécialisées de Terrain (BST) par Hortefeux a été un signal déclencheur. Ces brigades ont été créées par le ministre comme devant tenir la lance du fameux « Karcher » : elles ne sont stationnées que dans les « cités », stigmatisant de fait  la population de ces quartiers. De plus, d’après les propres mots du ministre, elles ne sont pas constituées de « policiers d'ambiance ou [d’] éducateurs sociaux ni des grands frères inopérants en chemisette qui font partie du paysage ». Ca classe tout de suite !   

    Encouragées par la passivité (ou la complicité) des gouvernements PS successifs, les bavures se sont multipliées : charges et arrestations violentes pendant les manifs contre la « loi travail », mort d’Adama Traoré, et déjà un précédent à l’affaire Théo le 29 octobre 2015 à Drancy.

    Le fait que Théo soit un jeune sans histoire, non connu des services de police (comme on dit !) est une circonstance aggravante pour la police, mais cela ne change rien sur le fond : PERSONNE ne mérite de se faire violer à l’aide d’une matraque par un délinquant pervers, nourri de haine et de préjugés. D’aucuns, bien-pensants, nous dirons : pourquoi se débattait-il s’il n’avait rien à se reprocher ? C’est l’un des arguments des thuriféraires de la police le plus souvent lu ou entendu ces jours ci. Mais, sachant de quoi sont capables ces zigotos, qui serait capable de rester impassible, se faire menotter et emmener au vu et au su de tout le monde, si l’on n’a rien fait, et sans savoir ce qui pourra se passer ensuite ? Personne, et je vous le dis tout net, pas moi ! C’est humain. Cet argument ne tient pas une seconde.

    Alors, au-delà de l’indignation nécessaire, il faut aller plus loin :

    •         Réclamer la dissolution des BST, vécues comme de véritables provocations dans les quartiers,   et de toutes les brigades ou corps de police connus comme des « noyaux du FN » et qui multiplient les opérations de cow-boy, étant quasiment assurés d’impunité.
    •           Il faut politiser les colères, lutter contre les politiques sécuritaires, racistes, homophobes.
    •         Il faut dénoncer et lutter contre tous les cas de corruption, d’abus et de détournements de biens publics, qui démoralisent la population et l’encourage un peu plus dans la voie de l’abstention ou du vote populiste.
    •         Il faut un projet de société qui permettra à chacun et chacune, jeune ou vieux, femme ou homme, chômeur ou salarié, de s’offrir une vie décente.  Les propositions de L’appel des 100 ou de l’Avenir en commun vont dans le bon sens : une société de l’humain avant une société du fric.

    Il y a aujourd’hui une potentialité, rare et qui ne se reproduira peut-être pas avant longtemps, qu’un tel programme puisse arriver au second tour des présidentielles. Notre tâche est de tout faire pour que ce soit possible.

    En attendant ce jour, l’affiche de la fédération CGT info’com qui avait fait pousser des cris d’orfraie à nos élites me semble plus que jamais d’actualité. Je la remets donc en tête de cet article

     


    [1] Mais là encore, ce n’est plus ce que c’était : même les bons châtelains cathos en costume bleu-marine et mocassins à glands ne sont plus des enfants de chœur, et mettent plus souvent la main dans la caisse que dans le bénitier. Où va la France !

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