• Avec la Confédération Paysanne de Seine-Maritime !

    Avec la Confédération Paysanne de Seine-Maritime !Ce sont environ 90 agriculteurs et agricultrices du département qui se sont donnés rendez-vous hier 23 février à Yvetot pour débattre sur le thème : "Ensemble, quelles alternatives proposons nous pour garder des paysans nombreux et heureux qui répondent positivement aux attentes de la société ? ".

    90 agriculteurs et agricultrices combatifs, combatives, bien conscients d'être pris entre deux feux : d'un côté, des coûts de production plus élevés si l'on veut produire de manière naturelle et à échelle humaine, de l'autre, les prix de vente toujours tirés vers le bas par la concurrence de l'agriculture industrielle, qui inonde nos assiettes et nos verres de produits peu regardants sur la qualité.

    Mais 90 agriculteurs et agricultrices qui restent déterminé(e)s à mettre en œuvre une agriculture paysanne, et non industrielle, respectueuse de l'environnement et de la qualité alimentaire.

    Après les tables rondes de l'après-midi, le soir, ce fut autour de la projection d'un film, "mille et une traites", que le débat s'est instauré. A cette assemblée générale du soir, à laquelle participaient les partenaires de la Conf' (réseau des AMAP, biolait, groupe de recherche en agriculture biologique, solidarité paysans, les amis de la conf',...), j'ai pu, ayant été invité en tant que conseiller régional, faire l'intervention que je vous livre ci-dessous :

    "Je tiens à vous remercier de votre invitation et suis très content d’être ici, parmi les 20% d’irréductibles agriculteurs qui résistent encore et toujours, non pas à l’envahisseur romain, mais d’une part à l’expansion de l’agriculture industrielle, et d’autre part, aux organisations soi-disant agricoles, mais qui en fait soutiennent votre cause comme la corde soutient le pendu, étant à la fois juge et partie, à la fois dirigeants de « syndicats » et administrateurs des industries agro-alimentaires ou semencières qui vous pressurent aujourd’hui.

    N’étant pas un professionnel de l’agriculture, j’ai regardé avant de venir ici les grandes lignes de votre programme, et j’ai vu  que les quatre piliers en étaient :

    La souveraineté alimentaire, permettant à chaque territoire de garantir des produits en quantité et en qualité pour chaque habitant.

    La maîtrise de la répartition, sur l’ensemble des territoires

    Le droit au revenu décent, issu du travail et de la vente du produit

    Le respect de l'environnement

    Au Front de Gauche, et en particulier à Ensemble ! que je représente au sein du Conseil Régional, nous sommes à 100% en accord avec cette ossature programmatique.

    -          La souveraineté alimentaire, car cela implique

    o   d’une part de mettre en œuvre partout où c’est possible des circuits courts permettant aux agriculteurs locaux de vivre de leur travail ainsi que de réduire l’empreinte carbone.

    o   Mais aussi de renoncer à piller les ressources alimentaires des pays, souvent ceux en voie de développement, dont la majorité de la production agricole est exportée vers les pays industrialisés ou détournée à des fins autres qu'alimentaires (ex les bio-carburants).

    -          La maitrise de la répartition, car cela mettrait fin au dumping sur les prix agricoles, à la fameuse loi du marché qui aboutit à la crise actuelle des prix du lait ou de la viande. A ce sujet, il est amusant de lire la lettre que Bruno Lemaire a écrite fin janvier à François Hollande, l’accusant de tous les maux de l’agriculture, et réclamant de l’Europe « une meilleure régulation des volumes agricoles sur les marchés ». Venant de quelqu’un qui fût l’un des artisans de la fin des quotas, cela pourrait prêter à sourire s’il n’y avait pas de quoi se mettre en colère.

    -          Le droit au revenu décent, issu du travail et de la vente du produit, car nous serons d’accord pour dire que la crise du monde agricole est structurelle, intimement liée à la crise du capitalisme, et que les quelques mesures annoncées récemment ne seront pas de nature à vous permettre de vivre comme tout travailleur, toute travailleuse, c’est-à-dire, fier(e)s de vivre de votre travail et non des seules aides ou perfusions de l’état ou de l’Europe. Là encore, comme vous, j’estime qu’il serait dangereux que les baisses de cotisations sociales qui vous ont été annoncées se pérennisent, car ces cotisations sociales abondent un bien commun qu’on appelle les services publics et qu’il s’agit, non pas d’une « charge » mais d’un salaire différé. Toute économie que nous ferions aujourd’hui en impôts ou cotisations sociales nous coutera beaucoup plus demain lorsque les services publics seront privatisés. 

    -          Le respect de l’environnement, car les dégâts de l’agriculture industrielle sont énormes : alors que la France représente 18% de la production agricole européenne, elle est le premier pays pour l’utilisation des engrais azotés, et le deuxième consommateur de l’union pour les pesticides.  

    Les conséquences environnementales et sanitaires sont dramatiques : les nitrates sont présents dans la majorité des nappes phréatiques métropolitaines, avec des teneurs supérieures à 50 mg/l en région parisienne et en Bretagne. Les pesticides sont présents dans toutes les eaux superficielles et souterraines et dans l’air, ce sont des présences d’ammoniac ou d’oxydes d’azote (NOx) dues à l’utilisation des engrais azotés, responsables également de près de 10% des émissions nationales de gaz à effet de serre. Sans oublier bien sûr les maladies auxquelles sont exposé(e)s les agriculteurs qui utilisent ces produits.

    Quant aux conséquences financières, une tentative de calcul du coût social engendré par toutes les dépenses de dépollution, d’assainissement, de traitements médicaux, se situe entre 0.9 et 2.9 milliards d’euros par an. Sans compter les 2 millions d’euros dévolus au ramassage des algues vertes. 

    Alors oui, il est grand temps d’arrêter cette industrialisation de l’agriculture et de revenir à une agriculture raisonnée, à une agriculture paysanne.

    La Nouvelle Région Normande disposera de fonds en provenance du Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER), auxquels s’ajouteront les aides en provenance de l’État.

    Nous sommes à l’heure des choix pour orienter ces financements :

    -     Soit continuer à privilégier la concentration des exploitations avec à terme leur reprise par des grands groupes financiers

    -     Soit favoriser des exploitations à taille humaine de plus en plus autonomes dans l’alimentation du bétail et dans la production.

    Nous, nous avons choisi, nous soutenons

    -       ’installation des jeunes sur des surfaces à dimension humaine.

    -       la transformation locale des produits dans des établissements agroalimentaires véritablement sous contrôle des producteurs.

    -       Le développement des marchés de proximité, des AMAP, des magasins de vente directe

    -     Ainsi que l’obligation pour les restaurations collectives (écoles, crèches, maisons de retraites) d’intégrer dans les appels de marché les critères de qualité et de proximité pour limiter les impacts carbones.

    A chaque fois que nos moyens d’expression nous le permettrons, nous porterons ce message, et le vôtre, dans l’hémicycle régional."

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  • Commentaires

    1
    Paul Réguer
    Jeudi 25 Février 2016 à 16:25

    Contre  les usines agricoles et pour que les vrais paysans puissent vivre décemment de leur travail !

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