• Espagne : le retour aux sombres années ?

    Lorsqu'on parle de prisonniers politiques en Espagne, on pense le plus souvent à l'époque de Franco. Inutile de revenir sur les tortures qu'ont pu endurer les prisonniers de cette époque, avant de finir pour certain-e-s fusillé-e-s ou garrotté-e-s. On aurait pu penser que dans un pays d'Europe si proche de chez nous, cette époque était révolue pour de bon. Mais il y a toujours eu des prisonniers politiques en Espagne. En 2014 encore, une militante du PCEr (Parti Communiste Espagnol reconstitué, d'obédience marxiste-léniniste) est morte en prison à l'âge de 60 ans. Il y a eu bien sûr les militant-e-s basques.

    Espagne : le retour aux sombres années ?Et puis, aujourd'hui, c'est le grand retour ! au grand jour ! Depuis le 18 octobre, il y avait déjà les deux Jordi emprisonnés : Jordi Sanchez, président de l'Assemblée Nationale de Catalogne (ANC) et Jordi Cuixart, dirigeant d'Omnium. Depuis hier, ce sont 8 membres du gouvernement Catalan qui sont en détention provisoire, sous les chefs d'inculpation aussi rocambolesques qu'exagérés de "rébellion" et de "sédition".

    Rappelons qu'il s'agit d'élus et d'élues du peuple catalan, et que les mettre en prison c'est clairement afficher son mépris du peuple, et sa volonté de l'écraser. Ce n'est certainement pas comme cela que l'Espagne sortira de la crise. Jamais problème politique ne s'est dénoué, durablement, par la répression. Jamais dans l'Histoire !

    Le gouvernement Rajoy se comporte comme un gouvernement de droite dure et bête classique : un comportement d'enfant gâté à qui on aurait cassé ses jouets et qui fait son caca nerveux. Sauf que là, des destins d'êtres humains sont en jeu : Les ministres catalans et les deux Jordi risquent 15 à 30 de prison !

    Il ne faudrait surtout pas dire : "ils" n'oseront jamais ! Pourquoi n'oseraient-ils pas ? Aucun chef de gouvernement européen, et mondial, n'était prêt à reconnaitre la république catalane. Aucun chef de gouvernement européen n'a élevé la moindre protestation sur ces mises en détention arbitraires. Tous tétanisés par ce qui pourrait arriver à l'Europe de l'argent si d'aventure ils ouvraient la bouche. Même le roi d'Espagne, inodore et incolore (c'est un Bourbon...) ne dit rien, préférant se réserver pour ses frasques mondaines. Rajoy ne risque rien et il peut tout oser !

    Espagne : le retour aux sombres années ?Tous tétanisés ? Non ! rendons hommage à la seule qui a osé protester : Nicola Sturgeon, la première ministre écossaise qui a dit exactement ce qu'il fallait dire :

    "Quoiqu'on pense sur la Catalogne, c'est une erreur d'incarcérer des dirigeants élus et cela devrait être condamnés par tous les démocrates", avant d'ajouter : "Le désaccord sur le futur de la Catalogne est politique. Il devrait être résolu démocratiquement, pas en emprisonnant les opposants politiques".

    Et nous ? Quid de notre solidarité internationaliste ?

    Lundi, je me suis rendu à la sous-préfecture, à un rassemblement de solidarité avec la Catalogne, appelé par le PCF, le NPA et Ensemble ! (voir l'appel) . Les deux Jordi étaient déjà emprisonnés, les menaces de destitution et d'emprisonnement des dirigeant catalans étaient déjà connues, et les chefs d'inculpation également. Rajoy ne s'était caché de rien.

    Espagne : le retour aux sombres années ?Hé bien, en se comptant chacun deux fois, nous devions être à peine 12 ! Un échec total ! Où sont passées nos valeurs internationalistes ? Pourquoi ne sommes nous pas capables de nous mobiliser pour la Catalogne ? Est-ce parce que nous n'arrivons pas à comprendre de quel côté nous devons être, pour ou contre l'indépendance ? Cela n'est pas important, que l'on soit pour ou contre, il y a des prisonniers politiques en Espagne en 2017, qui pourraient ne sortir de prison qu'en 2047 ! Nous devons nous mobiliser contre cela, faire entendre notre protestation ! Il est impossible d'envisager des élections en décembre, comme le voudrait le gouvernement Espagnol, tant qu'il y aura un-e catalan-e en prison !

    Il y aura sans doute d'autres rassemblements, des pétitions à signer : cette fois, soyons nombreux-ses ! Si la situation venait à déraper en Espagne, et toutes les conditions d'un tel dérapage sont réunies, il ne sera pas dit que nous n'aurons rien fait, chacun et chacune d'entre nous avec ses moyens.

    photos :

    en haut : les deux Jordi à leur arrivée au tribunal de Madrid

    au milieu : Nicola Sturgeon, première ministre écossaise

    en bas : notre puissant rassemblement du 30 octobre

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  • Commentaires

    1
    LE MOIGNE VERONIQUE
    Vendredi 3 Novembre 2017 à 18:21

    Eh oui j'ai l'impression que l'on se sent anesthésié. Les "agressions" viennent de toutes part.  On voudrait réagir mais on pense que ça ne servira à rien.

    Merci pour votre blog et vos propos toujours pertinents que je lis avec intérêt.

    Ci-joint un article intéressant paru sur le site Médiapart qui va dans votre sens

    https://blogs.mediapart.fr/sylvie-crossman/blog/011117/catalogne-les-fantomes-de-la-guerre-d-espagne

     

    2
    Mel Amar
    Samedi 11 Novembre 2017 à 19:19

    Il faut continuer l'information autour de la Catalogne. beaucoup de gens de gauche pensent qu'il s'agit d'une région riche qui ne veut pas partager ses richesses avec les pauvres.

    Or, la vieille industrie de Catalogne est durement frappée, et il semble que la région la plus riche du Royaume d'Espagne soit aujourd'hui la région de Madrid.

    Ce n'est pas en versant des contributions au gouvernement du Royaume d'Espagne que les Catalans vont aider les pauvres des autres régions du Royaume.

    Même la constitution  du Royaume d'Espagne reconnaît qu'il existe une Nation catalane. La Catalogne n'est pas une simple région comme les Pays de Loire en France. Dans la démocratie, on ne peut pas forcer une nation à accepter la domination d'une autre. Elle doit être libre et souveraine pour décider si elle veut s'associer à une autre dans une fédération ou une république unitaire.

    Les arrestations des élus catalans et des dirigeants du mouvement de masse sont un scandale pour les peuples de l'Europe. Si le Royaume d'Espagne réussit à imposer sa loi par ces méthodes, il deviendra un exemple à suivre pour les gouvernements d'Europe qui veulent se débarasser d'oppositions gênantes, qu'elles soient autonomistes, sociales ou écologistes.

    Libérez les prisonniers politiques du Royaume d'Espagne.

     

     

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