• Grève de la faim au Rouvray : appel à Mme BUZYN

    Grève de la faim au Rouvray : appel à Mme BUZYNNous étions nombreux-euses hier, près de 200, à être venu-e-s soutenir les 6 grévistes de la faim de l'Hôpital Psychiatrique du Rouvray, à Sotteville-les-Rouen. 4 membres du personnel sont en effet en grève de la faim depuis le 22 mai, qui ont été rejoints par deux autres en fin de semaine.

    Ces grévistes ne protestent pas contre un licenciement. Ils ne réclament pas une hausse de salaire. Encore moins des jours de congés supplémentaires, que sais-je encore.

    Alors quoi ? Que veulent-ils/elle me direz-vous Madame Buzyn ?

    Me croirez-vous, Madame la Ministre, si je vous dis que ces hurluberlu-e-s ne veulent que pouvoir faire leur travail correctement, accueillir et soigner les patients dans de bonnes conditions !

    Madame Buzyn : Diantre ! Est-il besoin pour autant d'entamer une grève de la faim ? N'est-ce pas là le B-A-BA d'un travail, que de le faire correctement ? Et ne met-on pas à leur disposition tout ce qu'il faut pour qu'il en soit ainsi ?

    Moi, Nous : Hé bien non justement. Les "blouses noires" sont en grève "normale" depuis le 22 mars. De manifestations en "die-in", de rencontres infructueuses avec l'ARS(1) en "invitation sauvage" avec leurs collègues de Pierre Janet du Havre à la séance du conseil régional du 9 avril, ils et elles ont épuisé tous les moyens d'action disponibles. En pure perte.

    Partout ne leur a été opposé que refus de répondre à leurs revendications pourtant tout à fait légitimes. Qu'on en juge : des lits pérennes ont été fermés, pour réapparaitre sous forme de "lits d'urgence". Trente à trente-cinq patients sont accueillis chaque jour en plus de la capacité théorique de 450 lits. Dans le meilleur des cas, ces patients sont "casés" sur des lits de camp dans des chambres doubles qui deviennent triples. Dans les pires cas, ils sont installés dans les couloirs, les salons de visite, voire dans les bureaux des personnels, ou encore restent assis sur une chaise pendant douze heures. Bien entendu, sans aucune "commodité". Il faut alors accompagner ces patients dans des chambres occupées par d'autres afin qu'ils puissent prendre une douche ! Des adolescents (parfois très jeunes, 12/13 ans) sont hospitalisés avec les adultes par manque de place.

    Le personnel n'a plus le temps d'organiser des réunions afin de discuter de l'évolution de leurs patients, des soins à mettre en œuvre, chacun-e ayant 4 ou 5 patients supplémentaires à s'occuper. La psychiatrie, dans ce qu'elle a de noble, passe trop souvent à l'arrière-plan. Le personnel en est réduit à "cachetonner" le patient trois fois par jour en lui demandant en passant si tout va bien, avant de poursuivre sa course dans une autre chambre. Presque de l’abattage. Et même si cette expression leur parait aujourd'hui galvaudée, les personnels n'hésitent pas à parler de "maltraitance institutionnalisée".

    Madame Buzyn : Allons, allons ! N'y a t-il pas là un peu d’exagération ? J'imagine que l'ARS, que la direction de l'hôpital ont a cœur de répondre aux préoccupations de notre dévoué personnel, héros quotidiens de notre service public ?

    Moi, Nous : Il n'en est rien ! L'ARS oppose une fin de non-recevoir, la direction répond par le mépris, allant même jusqu'à demander l'intervention des CRS pour évacuer les grévistes. Intervention heureusement refusée par la préfète (amusant, n'est-il pas ?) . Quant aux médecins, ils et elles sont également pris-e-s dans une course à la "suractivité". L'encadrement est sous tension voire un peu "terrorisé".

    C'est pour cela que, de guerre lasse, 6 membres du personnel - 5 hommes, une femme - ont décidé de cette grève de la faim. Leurs revendications sont simples :

    1. tous métiers confondus, ils/elle réclament 197 postes supplémentaires (sur un effectif actuel de 2000).
    2. Ils/elle réclament l'ouverture d'une unité "ados" afin de mettre un terme à l'hospitalisation des ados avec les adultes.

     

    Il ne s'agit pas, Madame la Ministre, d'une grève de la faim "pour rire" : le 25 mai au matin, une des grévistes a dû être emmenée aux urgences par le SAMU. Le lendemain 26 mai, c'est un autre gréviste qui a été hospitalisé en urgence au CHU. Face à cela, le mépris de la direction est tel que le service interne de médecine du travail ne s'est pas déplacé une seule fois pour visiter les grévistes !!

    Faudra t-il mettre des vies en danger pour qu'enfin les revendications du personnel soient entendues ?

    La réponse, Madame la Ministre, est entre vos mains.

    En attendant, les grévistes et tout le personnel ont besoin du soutien de tous et toutes. Y compris, bien entendu, de soutien financier car les grévistes de la faim sont avant tout en grève, et donc sans salaire !

    Vous pouvez suivre l'actualité du mouvement sur le site facebook de la ZAD (Zhôpital A Défendre)

    Vous pouvez (devez ?) également signer la pétition sur le site de "change.org".

    Quant à nous, élus régionaux, élues régionales, nous ferons également tout ce qui est en notre (petit) pouvoir, pour obtenir une intervention de la région, des réponses de l'ARS.

    Tout mon soutien est acquis aux grévistes de la faim, à tout le personnel du Rouvray, sans oublier celui de Janet au Havre dont la santé n'est pas plus vaillante.

     

    (1) ARS : Agence Régionale de Santé. Décline la politique nationale de santé à l'échelle de la région. Il s'agit en fait de l'autorité de tutelle, bien défaillante aujourd'hui.

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