• Le Medef veut la guerre sociale

    Le Medef veut la guerre socialeOn entend de plus en plus le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, avancer ses propositions pour "sauver l'économie". Cela tient en quelques mots en conclusion d'une interview au Figaro : "L'urgence, c'est de revenir à une activité normale". Et de décliner ses propositions révolutionnaires pour y arriver : travailler plus, réduire les congés et les jours fériés.

    Bien entendu, certains membres du gouvernement, payés pour ça, reprennent à leur compte cette antienne. N'oublions pas que ce n'est pas le gouvernement qui dirige : il n'est que le pantin du grand patronat qui tire les ficelles. Certains pensent que demander la démission de Macron et du gouvernement suffirait à changer la donne. Foutaises ! Qu'il s'agisse de Chirac, Sarkosy, Hollande ou Macron, en passant par Delors, Valls et consorts, le patronat a toujours disposé de ses troupes fidèles (qui y trouvent leur compte, n'en doutez-pas) qui lui permettent, tel Picsou, de se baigner tranquillement dans ses coffres d'or. Et c'est bien entendu la même chose au niveau européen, avec cette fameuse "commission européenne" qui serait source de tous les maux pour les euro-sceptiques, brexiteurs, frexiteurs et autres, mais qui n'est que le punching-ball mis à disposition des peuples comme exutoire à leur colère : pendant qu'on vilipende la commission européenne, le patronat rigole et travaille inlassablement à casser les conquis sociaux.

    Le patron des patrons croit-il un seul instant que ceux et celles qui aujourd'hui tiennent le pays à bout de bras vont AUSSI payer la crise du capitalisme, une fois celle du Covid19 passée ?

    Personnel soignant, caissier-e-s de supermarchés, éboueurs, enseignant-e-s incrit-e-s dans la "continuité" pédagogique, chauffeurs routiers, services sociaux et publics divers et variés, et plus généralement travailleurs et travailleuses à qui on a refusé le droit de retrait ou de télétravail, ils et elles savent que cette épidémie de maladie respiratoire n'est pas "la faute à pas de chance", mais qu'elle est le produit de la libération ultime du capitalisme, l'ultra-libéralisme que nous connaissons aujourd'hui : produire, produire, tout et surtout n'importe quoi, pourvu que cela rapporte des dividendes. Le capitalisme s'est même affranchi de la valeur d'usage des choses : nous produisons maintenant des choses qui ne servent à rien, qui détruisent les ressources de la planète, mais qui rapportent de manière immédiate. Investir dans la recherche médicale, pour un profit illusoire dans dix ans ? ou fabriquer un téléphone portable qui me prévient si je ronfle ou si je suis mort, et qui rapporte immédiatement ? Là où le capitalisme du début 20ème siècle hésitait encore, le libéralisme n'hésite plus : ce sera le "téléphone" (téléphone t-il encore, ce truc-là ?) portable.

    Cela fait longtemps que les scientifiques mettent en garde contre la pollution de l'air - qui nous "fabrique" des asthmatiques - contre la malbouffe - qui nous fabrique des diabétiques - et contre la déforestation qui amène l'être humain à côtoyer de plus en plus près les espèces animales, vecteurs de virus, anodins pour elles, potentiellement mortels pour nous : Ebola, Sras, H1n1, grippes porcines, aviaires, vache folle et autres joyeusetés.

    Le capitalisme et ses valets, nos gouvernements, sont des criminels, car ils savent pertinemment que ces pandémies peuvent arriver, mais "statistiquement", le risque qu'elles arrivent (pourtant de plus en plus fréquemment), et donc la nécessité de s'y préparer,  ne vaut pas le désagrément d'arrêter la course folle de la machine à produire du profit et du dividende. Ils sont criminels à double titre car parmi les personnes les plus à risques vis-à-vis du coronavirus, figurent les asthmatiques et les diabétiques, purs produits du capitalisme lui-même, qui a donc produit les conditions pour que le virus frappe plus fort.

    Certain-e-s fustigent l'impréparation du gouvernement, son impéritie, son incompétence... Non, ce n'est rien de tout cela ! Du point de vue du capital, ils ont tout fait correctement : vendre des stocks de masques, ça rapporte. Fermer des hôpitaux, des services de réanimation : ça rapporte. Vendre des usines de masques, de bouteilles d'oxygène, des usines de fabrication de chloroquine à des fonds de pension : ça rapporte. Qu'importe le bien commun, puisque la richesse de quelques-uns y trouve son compte ! Ce n'est pas de l'incompétence, c'est du cynisme et du crime en bande organisée.

    Emmanuel Macron nous fait régulièrement ses yeux de cocker larmoyants sur les écrans de télévision, en disant "plus rien ne sera comme avant, nous relocaliserons des entreprises, nous ferons un grand plan marshall des hôpitaux, nous améliorerons le salaire de nos héros et héroïnes du quotidien", etc... Ce ne sont que paroles pour nous endormir. En sous-main, Geoffroy de Bézieux fourbit ses armes.

    Alors attention, ils vont nous faire le coup du "il faut redevenir compétitifs après cette épouvantable crise". Là encore, foutaises ! Tous les pays du monde sont touchés, aucun ne voit son économie partir en flèche. Alors la compétition entre économies cacochymes n'a pas lieu d'être !

    Cette crise sanitaire est pour le patronat du pain béni, l'occasion de revenir enfin, une fois pour toute, sur 75 ans de conquis sociaux. Dans la guerre qu'il mène depuis toujours aux classes laborieuses, il prépare la bataille finale.

    CETTE BATAILLE, NOUS N'AVONS PAS LE DROIT DE LA PERDRE !

    Alors même que la CFDT juge indécentes les paroles de Roux de Bézieux (c'est dire !) il nous faut construire la riposte, dès aujourd'hui ! On ne nous fera pas rejouer la "bataille du charbon" de 1946, la bobine est perdue !

    S'il faut reconstruire l'économie, que celle-ci soit enfin au bénéfice de tous et toutes, respectueuses des hommes, des femmes - tous les hommes, toutes les femmes - et de la planète. Affranchissons-nous du logiciel capitaliste ! Ne nous laissons pas, à nouveau, dépouiller du fruit de notre travail !

    Une société solidaire, écologiste, équitable et égalitaire,  construite par tous et toutes, au bénéfice de tous et toutes, une économie au service de tous et toutes, contrôlée par tous et toutes : c'est possible !

    Tous les syndicats, tous les partis et mouvements politiques qui ont la défense des opprimé-e-s dans leur ADN, tous les animateur-trices de mouvements sociaux (gilets jaunes, verts, rouges, animateurs et animatrices des grèves des services d'urgence..) doivent s'unir et prendre l'offensive, dès la fin de la crise sanitaire.

    Avec les militant-e-s de mon mouvement, Ensemble !, nous mettrons toute notre énergie pour ce combat.

    « Préparer l'après ! Ils ne s'en tireront pas comme ça !En guise de manif : 1er mai, rappel historique »
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  • Commentaires

    1
    Eve76
    Lundi 13 Avril 2020 à 20:22

    "Et c'est bien entendu la même chose au niveau européen, avec cette fameuse "commission européenne" qui serait source de tous les maux pour les euro-sceptiques, brexiteurs, frexiteurs et autres, mais qui n'est que le punching-ball mis à disposition des peuples comme exutoire à leur colère : pendant qu'on vilipende la commission européenne, le patronat rigole et travaille inlassablement à casser les conquis sociaux."

    Là il y a une erreur d'analyse. Les injonctions de la commission européenne sont celles du capital.

      • Lundi 13 Avril 2020 à 23:33

        Non, ce n'est pas une erreur d'analyse : je suis d'accord que les injonctions de la commission européenne sont celles du capital, mais ce n'est pas elle qui décide. Elle n'est là que pour que les gens croient qu'elle décide. C'est ce que je voulais écrire. Peut-être n'était-ce pas assez clair. Elle joue pour l'Europe le même rôle que les gouvernements nationaux qui ne font qu'exécuter.

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