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Caporal Joseph DAUPHIN, Maréchal Philippe PETAIN
Quel est la différence entre ces deux hommes ?
L’un était un vaillant soldat, titulaire, dès 1915, de la Croix de guerre avec palmes pour plusieurs actes héroïques, entre autres avoir ramené sur ses épaules un lieutenant gravement blessé près des barbelés de la tranchée ennemie ou bien encore avoir tenu une position jusqu'à épuisement de ses cartouches. Promu caporal, il reçut par trois fois une citation pour sa conduite exemplaire au combat[1]
L’autre fut un collabo notoire, antisémite, anticommuniste, adepte et praticien des théories les plus réactionnaires.
Celui-ci sera honoré par Macron, celui-là fut fusillé pour l’exemple en juin 1917
639.
C’est le nombre de soldats fusillés pour l'exemple pendant la guerre 14-18, souvent pour des motifs futiles, toujours pour soi-disant éviter la démoralisation des troupes. Ces exécutions sommaires ont commencé dès le premier mois de la guerre, et pas seulement pendant les mutineries de 1917.
Bien entendu, il n'est pas question d'oublier ou de passer sous silence les 9 720 000 soldats et 8 900 000 civils morts pour rien, tant sur le front occidental, russe ou oriental, et ce des deux côtés des tranchées.
Qu'ils aient été tués à l'ennemi ou fusillés, ils sont morts victimes inutiles de la première guerre ouvertement impérialiste, dont les buts ultimes étaient un partage du monde à des fins économiques et commerciales. L'Allemagne, dernière puissance arrivée sur le marché du capitalisme, et forte d'une démographie galopante à l'époque, désirant reprendre à la France et à l'Angleterre une part du "gâteau" colonial, afin de se ménager des "marchés".
Certains fusillés « pour l’exemple » ont été réhabilités mais pas tous. Qu’ils l’aient été ou non, ils n'ont jamais "bénéficié" des commémorations, et, pendant longtemps, n'ont pas eu leurs noms sur les monuments aux morts ou sur les plaques commémoratives. Leurs familles ont longtemps souffert d'être montrées du doigt et mises au ban de la collectivité. Certains enfants ont dû être retirés de l'école.
Dans quelques jours, on va commémorer la « victoire » de 1918. Peut-on parler de victoire alors qu’hormis les marchands de canon, tous les peuples ont été perdants ! Qu’il s’agisse des peuples français, allemand, autrichien, britannique, américain, sénégalais, tonkinois, malien, malgache, australien… la liste est trop longue pour être exhaustive.
Cela n’empêchera pas notre président d’honorer les maréchaux, dont Pétain, qu’il qualifie de « grand soldat », avant qu’il n’ait fait quelques « choix funestes » par la suite. Belle litote en vérité, pour qualifier les milliers de juifs et juives livré-e-s aux nazis, les résistant-e-s fusillé-e-s par la milice, sans oublier son rôle dans la répression des mutineries de 1917.
Pétain, Joffre, Foch, il n’y a pas de « vainqueur militaire » de la guerre, il n’y a que des garçons bouchers qui ont tous fourni sans état d’âmes leur quote-part de la jeunesse d’alors à la grande faucheuse. Une jeunesse broyée, condamnée à participer à une guerre qui n’était pas la leur.
Pendant que Macron célèbrera ses maréchaux, des associations rendront hommage aux fusillés pour l’exemple, des associations qui se battent encore aujourd'hui pour obtenir leur réhabilitation collective.
C'est le cas, au Havre, depuis 2008, de la Libre Pensée, la Ligue des Droits de l'Homme, l'Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) et du Mouvement de la Paix. Cette année encore, elles appellent les Havrais à se rassembler
Le 11 Novembre à 15h30 devant le monument aux morts du Havre
Puis devant l’ancienne caserne Kléber, devant la plaque commémorative à la mémoire des 4 fusillés pour l’exemple du 129ème Régiment d’Infanterie.
Le 8 Novembre, à 20h30 au Studio, il y aura également la projection du film « Quatre de l’infanterie », suivie d’un débat.Voir le flyer.
Pétain, Foch, Joffre ou Dauphin et les autres ? Choisis ton camp, camarade !
« Conseil Régional - Utilisation des aides d'Etat aux entreprisesLa classe se soulève : la récré est terminée ! »
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Commentaires
Je rappelle ce poème du surréaliste Benjamin Péret, écrit en 1930
Vie de l'assassin Foch (Benjamin Péret-1930)
Un jour d'une mare de purin une bulle monta
et creva
À l'odeur le père reconnut
Ce sera un fameux assassin
Morveux crasseux le cloporte grandit
et commença à parler de Revanche
Revanche de quoi Du fumier paternel
ou de la vache qui fit le fumier
À six ans il pétait dans un clairon
À huit ans deux crottes galonnaient ses manches
Un jour d'une mare de purin une bulle monta
À dix ans il commandait aux poux de sa tête
et les démangeaisons faisaient dire à ses parents
Il a du génie
À quinze ans un âne le violait
et ça faisait un beau couple
Il en naquit une paire de bottes avec des éperons
dans laquelle il disparut comme une chaussette sale
Ce n'est rien dit le père
son bâton de maréchal est sorti de la tinette
C'est le métier qui veut cela
Le métier était beau et l'ouvrier à sa hauteur
Sur son passage des geysers de vomissements jaillissaient
et l'éclaboussaient
Il eut tout ce qu'on fait de mieux dans le genre
des dégueulis bilieux de médaille militaire
et la vinasse nauséabonde de la légion d'honneur
qui peu à peu s'agrandit
Ce mou de veau soufflé s'étalait
et faisait dire aux passants pendant la guerre
C'est un brave il porte ses poumons sur sa poitrine
Tout allait bien jusqu'au jour où sa femme recueillit
le chat de la concierge
On avait beau faire
le chat se précipitait sur le mou de veau
dès qu'il apparaissait
et finalement c'était fatal il l'avala
Sans mou de veau Foch n'était plus Foch
et comme un boucher il creva d'une blessure de cadavre