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La république des copains et des coquins, ça suffit !
Encore une fois, la justice de classe a frappé. Utiliser cette expression aujourd'hui est devenu tellement fréquent que l'on ne saisit même plus la portée de ce qu'elle signifie. Ce serait presque devenu un pléonasme.
Christophe Dettinger, le boxeur Gilet Jaune qu'il n'est plus nécessaire de présenter, a écopé hier d'une peine de 30 mois de prison, dont 18 avec sursis. Malgré un aménagement de peine qui l'autorise à garder une vie familiale et professionnelle dans la journée, il devra venir coucher tous les jours en prison.
Je ne porterai aucun jugement de valeur sur l'action de Christophe Dettinger. En tous cas, je ne joindrai pas ma voix au concert des hypocrites qui proclament, la main sur le cœur, que l'on ne doit pas frapper un policier, grand défenseur de l'ordre républicain devant l'éternel. Christophe Dettinger a regretté son geste devant la cour. On peut le comprendre : lorsqu'on se retrouve seul devant un tribunal, on peut avoir peur de finir en prison et détruire sa vie. Mais que celui ou celle qui prétend savoir exactement comment il ou elle aurait agi à sa place, lorsqu'on se fait gazer en pleine face et que l'on est témoin de violences et d'injustices policière manifestes, lui jette la première pierre.
Christophe Dettinger est l'un des plus médiatisés, mais il y a eu depuis le début de l'explosion sociale en novembre, 1800 condamnations et plus de 8400 interpellations.
Et pendant ce temps, la république des copains et des coquins suit son cours, comme si de rien n'était. Récapitulons :
- Un ancien condamné à 14 mois de prison avec sursis en 1994 pour prise illégale d'intérêts dans une affaire d'emplois fictifs au feu RPR, et à un an inéligibilité est admis dans un EPHAD doré, avec pour mission de vérifier... la conformité de la loi avec la constitution ! On est prié de ne pas rire ! C'est comme si on nommait le père Preynat au ministère de la petite enfance !
- Claude Guéant, condamné à un an ferme pour avoir détourné 210 000 euros de primes en liquide, n'ira pas en prison, pas même la nuit, par suite d'un aménagement de peine.
- Jérôme Cahuzac, condamné à 4 ans dont 2 fermes, pourra les faire tranquille-peinard au soleil de Corse du Sud, et il pourra dormir dans sa villa. Avec un bracelet électronique me direz-vous ? Fichtre, la belle affaire !
Et nous ne parlons ici que des condamnés (pas tant que ça en fait !). Il y a tous les autres : François Fillon, Nicolas Sarkosy, Eric Woerth, le porteur de billets de Bettencourt et le bradeur de forêts, qui arbore toujours son sourire niais sur les plateaux télé. Et Bennala, qui fait déménager, au nez et à la barbe de la police venue "perquisitionner" (visiter ?), son coffre-fort compromettant par le compagnon de la commissaire de police affectée à la sécurité de Matignon !
Que dire également des multiples provocations du gouvernement à l'égard des classes populaires, pendant que d'un autre côté, il essaie de nous endormir avec son "grand débat" ?
Il y a les petites provocations mesquines : Castaner venant pavaner à l'occasion de la remise par Renaud Muselier de la cagnotte de la honte aux forces de "l'ordre" (1,5 millions d'euros récoltés sur Leetchi) alors que celle au bénéfice de Christophe Dettinger avait été bloquée à 145 000 euros, non versés à ce jour, car Leetchi a assigné en justice l'organisateur de la cagnotte ! Deux poids, deux mesures.
Et il y a les provocations plus graves : les attaques sans trêve contre le statut de la fonction publique, contre l'école, les diplômes, les étudiants et la jeunesse en général, contre la santé, contre la SNCF et les salaires d'EDF !!
CA SUFFIT : CETTE RÉPUBLIQUE, ON N'EN VEUT PLUS !
Cette république, c'est celle des gens qui gagnent 20 000 euros, et qui essaient de persuader ceux qui n'en gagnent que 1800 que c'est de la faute à ceux qui en gagnent 600 ! Cela ouvre à nouveau la boite de Pandore des boucs-émissaires, et cela permet à l'extrême droite de montrer le bout de son sale nez dans les manifs, en multipliant les actes antisémites et racistes.
Ce n'est pas la faute des plus malheureux que nous, si nous n'arrivons pas à boucler les fins de mois : c'est la faute à ce système capitaliste qui accapare au profit de quelques uns la plus grosse part des richesses créées par tous !
Cette république, c'est celle des copains-coquins qui se tapent sur le ventre, qui s'empiffrent en se torchant la bouche avec le revers de la main, tout en se moquant bien des sans-dents, bien protégés qu'ils sont par leur police qui elle, n'est pas là pour faire régner un quelconque ordre "républicain", mais pour protéger l'ordre voulu par ces "gens-là" : celui qui permet de s'enrichir en paix. Les déclarations belliqueuses de certains syndicats de policiers sont là pour en attester.
PLACE A LA REPUBLIQUE DES SANS-GRADES !
Quel que soit le nom qu'on lui donne (6ème république, république sociale et écologique...) il faut une refondation politique : une refondation qui redonne au mot "politique" ses lettres de noblesses. Polis, en grec, c'est la cité. La politique c'est l'art de gouverner la cité, et non celui de s'en mettre plein les poches. La politique en soi n'est pas une mauvaise chose et nous ne devons pas avoir honte d'en faire. Je n'ai pas honte. Ce qui est mauvais, c'est de l'avoir laissée aux mains de gens qui n'ont plus aucune volonté de "gouverner la cité", mais de perpétuer une caste de nantis.
Alors oui, il faut une assemblée constituante, qui rédigera une nouvelle constitution sociale, écologiste, solidaire, sur la base des revendications des mouvements sociaux, que ce soit le mouvement des Gilets Jaunes ou le mouvement syndical, les revendications des uns et des autres étant en réalité très proches.
Cette assemblée constituante ne sera pas désignée par le haut, par des "animateurs de grands débats", mais par le mouvement social lui-même. Il faut donc tout faire aujourd'hui pour construire ce mouvement, par l'alliance Gilets Jaunes - Syndicats soutenu par les partis et mouvements politiques - au sens noble - de la gauche radicale.
C'est le seul moyen de nous sortir de la fange dans laquelle le capitalisme et ses stipendiés du gouvernement nous laisse croupir avec délectation !
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